Dans la 20ème édition « spécial finance » du magazine Jeune Afrique, on constate un regain de croissance du secteur banquier africain. Les chiffres cumulés des 200 premières banques sont tous en hausse. L’ensemble des indicateurs (Total Bilan, Revenus, Bénéfice) ont connu la meilleure progression des dix dernières années. Cette croissance séduit les investisseurs. Les Banques ont besoin de fonds pour investir dans leur transformation digitale et pour participer au financement de la croissance africaine.
Ainsi, on assiste à une multiplication des opérations boursières visant les acteurs du secteur financier.
Changement d’actionnaire majoritaire pour le groupe marocain Saham Finances
Au cours du mois d’octobre 2018, la cession du groupe Saham a animé la bourse de Casablanca. Le groupe d’investissement Wendel a cédé ses parts qui représentaient 13,33% du capital du groupe marocain. Dans la foulée, le groupe sud-africain Sanlam est devenu l’actionnaire majoritaire en rachetant 58,48% du capital de Saham. Le groupe Saham est en pleine croissance notamment dans le secteur de l’assurance depuis plusieurs années. Présent dans 18 pays africains, cette acquisition va permettre au groupe sud-africain de renforcer sa présence notamment en Afrique sub-saharienne.
Introduction en bourse du groupe bancaire Orabank
Le groupe Orabank a débuté ses activités en 1988 au Bénin. Depuis 2009, le fonds d’investissement Emerging Capital Partners (ECP) est l’actionnaire majoritaire du groupe. Aujourd’hui, il est présent dans 12 pays africains. L’Offre publique de vente (OPV) d’environ 13 millions d’actions Oragroup a démarré le 29 octobre à la Bourse des Valeurs Mobilières d’Abidjan (BRVM) et se poursuivra jusqu’au 16 novembre. La banque souhaite lever 57 milliards de Franc CFA. Il s’agira d’une opération historique pour la BRVM de part le montant de l’opération. La banque a déjà sollicité avec succès les marchés financiers africains dans le cadre d’émissions obligataires en 2013 et en 2016. Le groupe bancaire viendra rejoindre 4 groupes bancaires (Société Ivoirienne de Banque, NSIA Banque, Coris Bank, Ecobank) déjà présents au sein de la BRVM.
Cession des filiales africaines du groupe français BPCE au groupe marocain BCP
Depuis juin 2018, le groupe BPCE accélère son retrait du continent africain. En Septembre, elle est entrée en négociation avec le groupe marocain pour la cession de ces participations dans ces quatre filiales africaines (Cameroun, Madagascar, Tunisie, Congo). A noter que la banque détient 4.5% du capital du groupe marocain. Cette acquisition permettrait au groupe marocain BCP de passer de 12 à 14 filiales en Afrique. Cependant, une bataille judiciaire s’est engagée pour la filiale camerounaise BICEC entre un collectif d’hommes d’affaires camerounais et les dirigeants de la BICEC. L’affaire a été portée auprès du tribunal de première instance de Douala. Il est reproché à la BPCE des « négociations exclusives » avec le groupe marocain.
Le développement du secteur financier Africain s’accompagne d’un essor des groupes bancaires panafricains. Paradoxalement, les groupes internationaux renoncent à l’Afrique. Barclays, BPCE, Citigroup ont progressivement cédé leurs filiales. Société Générale et Standard Chartered Bank restent les seuls groupes à s’intéresser encore à l’Afrique.