En 2018, trois anciens ministres camerounais ont fait l’objet de poursuites judiciaires pour détournements de fonds publics par le Tribunal Criminel Spécial. Plus de dix ans après le lancement de l’opération épervier, la liste des anciens membres sous les verrous ne cessent de s’allonger. Est-il impossible de profiter de sa fonction ministérielle pour son enrichissement personnel ? Les ministres sont-ils mal payés ? Il faut dire qu’au Cameroun, il n’y aucune transparence sur la rémunération des membres du gouvernement.
Pourquoi ce flou total sur la rémunération des ministres ?
En 2012, le magazine Jeune Afrique publiait une enquête sur les rémunérations des ministres africains. On y apprenait qu’un ministre Camerounais perçoit une indemnité de 200€ mensuelle soit l’équivalent de 130 000 FCFA. Selon un article du Webmagazine « CamerounWeb » paru en 2018, le salaire d’un ministre serait plutôt de 794 651 FCFA pour un ministre d’Etat et 679 297 FCFA pour un « simple » ministre. Ces informations restent difficilement vérifiables. Aucune source d’information fiable (loi, décret, rapport d’exécution budgétaire de l’Etat) ne permet d’affirmer ou d’infirmer ces chiffres. Toutefois, le train de vie extravagant de la plupart des membres du gouvernement Camerounais, nous forcent à douter de ces chiffres.
Ministre, une fonction aux multiples avantages financiers
Dans une revue des dépenses budgétaires de l’Etat Camerounais publié en 2018, la Banque Mondiale dénonçait l’existence de nombreux avantages accordés à certains agents publics. Il s’agit notamment : des indemnités journalières à l’occasion de voyages nationaux et internationaux, des bons de carburant et des indemnités journalières de subsistance. A titre d’exemple, d’après le décret n°2000-285 en date du 12 octobre 2000 prévoit qu’en cas de déplacement les membres du gouvernement peuvent bénéficier d’une indemnité journalière allant de 100 000 FCFA à 300 000FCFA en fonction du poste et du pays.
Cette année 2019, le gouvernement camerounais a prévu une hausse de 3% des salaires des fonctionnaires par rapport à l’année 2018. Si aucun détail sur les postes ou catégories concernés, la cinquantaine de ministres que compte le gouvernement camerounais devrait bénéficier de cette augmentation. Si cette réévaluation des salaires de la fonction publique fait suite aux recommandations de la Banque Mondiale, jusqu’ici aucune mesure n’a été prise pour assurer plus de transparence et de contrôle de la rémunération des agents publics.