Au cours de l’année 2019, l’économie Camerounaise a été sérieusement affectée par une pénurie des devises étrangères. Plusieurs entreprises Camerounaises ont vu leurs opérations internationales (paiements de fournisseurs, transferts de fonds) refusées ou retardées par les banques Camerounaises avec pour motif le manque de devise. En quelques mois, le taux de change du Franc CFA en monnaie étrangère a fortement augmenté. Dans les rues des grandes villes comme Douala et Yaoundé, les opérateurs de change proposaient 1€ pour 750 FCFA. Au fil des années, un secteur informel d’échange des monnaies étrangères s’est développé au cœur des grandes villes camerounaises.
» Vendeur de devises étrangères « , un métier informel devenu presque formel au Cameroun
Être un opérateur de change ou cambiste est l’un des plus vieux métiers de la finance. Cette activité est considérée comme très peu lucrative par les banques Camerounaises qui l’ont délaissé au profit des bureaux de change comme MoneyTrans et Afriexchange. Cependant, l’on constate que les agents de change informels sont les plus actifs sur ce marché. En effet, si vous voulez échanger des devises dans la ville de Douala, il vous suffit de vous rendre dans le quartier Akwa devant l’hôtel Akwa Palace. Vous y trouverez de nombreux « opérateurs de change ». Ils disposent généralement aussi bien des devises Africaines (Naira, Dinar,…), Européennes (Euro, Livre sterling,…), Américaines(Dollars américains ou canadiens), Asiatiques (Yuan). Pour préparer votre voyage, vous pouvez donc acheter auprès de ces vendeurs des espèces de la plupart des monnaies étrangères. Les frais de change ne sont pas très élevés compris entre 20 et 50 FCFA souvent en fixé en fonction de coupure de billets. Malgré le cadre informel, ce moyen d’échange de devise s’est imposé comme le principal concurrent des bureaux de change au Cameroun. On estime à 1/5 le nombre de Camerounais qui voyagent avec des espèces qui ont recours à ces services.
Un métier informel lucratif mais complexe et risqué
Les opérations de change ou de transfert à l’international sont considérés comme des opérations financières à risque. Si elles ne sont pas contrôlées cela peut fragiliser l’économie du Pays. Ces activités sont soumis à la surveillance et la réglementation de la Banque Centrale d’Afrique Centrale (BEAC). Cependant, ces vendeurs du secteur informel échappent à tout contrôle et toute répression. C’est pourquoi, contrairement aux banques Camerounaises, ils ne sont pas obligés de se conforter à la nouvelle réglementation sur les changes. Ce marché parallèle des devises échappent donc à la régulation des taux de change, à la lutte contre le blanchiment d’argent et la contrefaçon de billets de banques. Pourtant, les autorités ne semblent pas lutter contre cette pratique bien ancrée dans les mœurs de la population camerounaise. D’autre part, les particuliers qui font recours aux services de ces opérateurs de change informels, s’exposent à un risque d’escroquerie. Toutefois, ils faut reconnaître que ces « commerçants de devises » ont le mérite d’exercer une activité financière très complexe dans un contexte économique tendu.
Dans la zone CEMAC, le spectre d’une dévaluation financière menace les économies des états membres. De plus, la crise des devises a crée de fortes tensions dans le tissu économique local. Les monnaies étrangères peuvent donc constituer des valeurs refuges et des outils de spéculations. Dans cet environnement, les opérateurs de change informels ont clairement des opportunités à saisir. Cependant, ils n’ont guère la capacité pour absorber la demande à moins d’avoir accès au marché mondial de changes plus connu sur le nom de Forex.