Les pièces de monnaie : une chape de plomb pour l’économie camerounaise

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« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ». De cette citation du célèbre écrivain Lamartine, on pourrait rapprocher la problématique que rencontre depuis plus de deux ans l’économie camerounaise : le manque de pièces de monnaie en circulation. Néanmoins, si la situation due à la pénurie de pièces de monnaie, bien que difficile, ne semble pas tout de même critique, il en ressort que le manque à gagner et les conséquences sur le tissu micro-économique sont considérables.

Pertes de recettes pour les entreprises

Qu’il s’agisse des petits commerces, des supermarchés ou des grandes surfaces, tous sont aujourd’hui unanimes sur un point : la problématique due au manque de pièces de monnaie en circulation plombe énormément la croissance économique, ainsi que les échanges de biens et services. Pour Félicien, commerçant au marché de Bonamoussadi, qui subit de plein fouet les affres de cette pénurie, « la situation est devenue difficile à tel point que, pour ne pas perdre toute ma clientèle, je suis obligé d’acheter des pièces de 9.500 francs à 10.000 francs. Seuls les commerçants peuvent savoir l’impact qu’à une telle opération sur ma recette journalière et sur le futur de mon commerce ».

Difficultés pour les usagers

« Avez-vous de la monnaie ? » C’est la question qui revient désormais sans cesse chaque fois qu’un usager veut solliciter un service ou une prestation quelconque. La rareté des pièces de monnaie bloque énormément les transactions financières et certaines activités. Au cœur de ce phénomène, les transporteurs de ville et les usagers en sont les plus grandes victimes. « J’ai perdu pratiquement le quart de mes revenus depuis l’avènement de cette pénurie. Parfois, aux heures de pointe, je dois stationner pendant des minutes à la recherche de clients. Pourtant ce ne sont pas les clients qui manquent, c’est le manque de pièces de monnaie qui cause cette perte de temps et ce manque à gagner », explique Alfred Signe, moto-taximan dans la ville de Douala, qui appelle les instances à la résorption rapide de cette difficulté. 

Fermeture d’établissements

Pour l’économiste camerounais, Simon Bassilekin, « il s’agit d’un problème hautement stratégique pour le fonctionnement courant des ménages et entreprises ». Les perturbations qu’il entraîne sont telles qu’il peut parfois conduire à la fermeture de certains établissements et partant, l’observation des pertes économiques colossales. On se souvient encore de la rixe mortelle, de la nuit du 22 au 23 juillet 2020, qui avait conduit à la fermeture temporaire de l’agence de voyage Finexs voyage, causant ainsi un manque à gagner considérable. Selon certaines sources, tout serait parti du défaut d’une pièce de monnaie de 100 francs CFA.

Par Erman TCHOUKEU 

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