Au Cameroun, le business des conseils et des formations en entrepreneuriat et en finance prospère. Mais les avis divergent sur l’efficacité des acteurs. Les « Coachs », comme ils se font appeler, sont diversement appréciés par les participants. Par ailleurs, les arguments pour justifier les thèses qui s’affrontent sont multiples. « Je pense que ce sont des vendeurs de vent. Ils n’apprennent rien. Ce ne sont même pas des évangélistes des nouveaux jours. Ce sont des marabouts. Ils créent des théories pour dire la même chose. Tout le monde sait qu’il faut investir de l’argent pour en gagner », estime Léandre. En plus des contenus peu accrocheurs, plusieurs jeunes entrepreneurs et étudiants qui sont les principales cibles de ces formations, questionnent non seulement le profil de ces coachs, mais aussi, le caractère onéreux de ces rencontres, puisque les tickets pour y accéder sont parfois vendus à des sommes exorbitantes, allant de 10.000 Fcfa à plus de 200.000 Fcfa.
Y-a-t-il vraiment de bons coachs ?
Samedi, 5 décembre 2020, Léandre dit avoir participé à une formation sous le thème : « Comment atteindre sa liberté financière ? ». Mais l’échange avec le formateur et sa présence à la dite formation a conforté sa thèse. Comme par le passé, le participant n’a pas été convaincu. « Aujourd’hui, que quelqu’un vienne dire qu’il est expert en liberté financière et qu’il vienne commencer à vous dire que vous êtes allés dans les écoles pour être des jumeaux. Après, il vous démontre que des jumeaux c’est parce que vous avez fait les mêmes écoles, je pense que c’est des vendeurs de vent », pense-t-il. « Ils préfèrent juste les motiver et leur faire adhérer à une philosophie à laquelle eux-mêmes n’adhèrent pas. Je vais même dire qu’on n’en a pas toujours besoin. Tout le monde a sa façon de voir les choses », conclut Léandre.
Savoir distinguer le vrai du faux
L’avis de Léandre est partagé par d’autres Camerounais, qui côtoient ces « faiseurs de fortunes ». « Automatiquement on a des jeunes qui doutent, qui ont envie de se lancer, qui veulent réussir et qui sont à la recherche des solutions. Un peu comme ces fidèles qui vont à l’église pour rechercher le miracle. Donc, les gens recherchent leur miracle. Face à ce besoin, il y a notamment, des gens qui proposent des solutions. Dans ce package, tout comme chez des évangélistes, il y a du vrai et de l’ivraie. Maintenant, comment distinguer le bon coach du mauvais ou du faux ? C’est un peu compliqué », avoue un habitué de ces rencontres.
Valorien qui a souvent pris part à des formations similaires, ne dit pas le contraire. « C’est vrai qu’il y a plus de charlatans que de bons coachs dans ce domaine. Et donc, on serait à même de dire que qu’ils vendent du vent. Surtout qu’ils sont souvent aériens dans leurs formations pour ce qui est des coachs en entrepreneuriat. Ils invitent tout le monde à laisser le salariat pour entreprendre sans toutefois donner les bons points de chacun », regrette le jeune homme qui pense qu’il existe néanmoins de bons coachs, dont les conseils, une fois mis en pratique, peuvent « conduire aux résultats escomptés ».
Un marketing sur le digital qui séduit…
L’activité prospère. Peu connue au pays il y a près de deux décennies, elle compte parmi les plus florissantes ces dix dernières années. Organisées dans des salles de grande capacité d’accueil, ces rencontres drainent des foules. Pour atteindre leur cible, les formateurs et leurs cabinets, ont pour la plupart misé sur le digital. Au quotidien, plusieurs y publient des affiches avec des thématiques variées. On peut souvent y lire : « Entreprendre quand on est étudiant», « Comment créer sa marque de produits», « Oser l’innovation », et bien d’autres. Toutefois, nos tentatives pour rencontrer quelques acteurs du domaine se sont heurtées à une fin de non-recevoir.