L’assurance. Tel que son nom l’indique, il s’agit à la base d’un service qui devrait être des plus rassurants (sans mauvais jeu de mots), mais il s’avère qu’en Afrique, en Afrique subsaharienne principalement, l’assurance ne rassure tout simplement pas. Avec un taux de pénétration de l’assurance qui tourne autour des 3% (pour à peine 1.5% du marché mondial), les africains semblent bouder, de manière globale, tous les produits de l’assurance.
Les chiffres extraits de 2014 à 2018 placent l’Afrique du Sud en première place du marché de l’assurance en Afrique, avec 80% des parts de marché. On a 5% pour le Maroc et 2% pour le Kenya, notamment.
En zone FANAF, la Côte d’Ivoire occupe la première place devant le Cameroun, toutes assurances confondues (vie et non vie), et les dernières places sont occupées par le Tchad et la Centrafrique.
Les chiffres restent tout de même faibles quand on considère la population active et le niveau de vie des populations desdits pays. Si de manière globale l’assurance ne séduit pas en Afrique, le cas de l’Assurance-vie ne déroge pas à la règle.
Pourquoi l’assurance-vie ne séduit pas en Afrique ?
C’est bien là une question qu’on pourrait et devrait même se poser, mais encore, de manière plus globale, pourquoi l’Assurance ne séduit pas en Afrique ? L’assurance-vie, pour en revenir à elle, est un produit d’assurance spécifique qui oblige l’assureur, selon le contrat signé, à verser un montant précis à l’assuré ou à un bénéficiaire soit au terme d’une échéance précise, soit à un bénéficiaire désigné après la mort dudit assuré.
Si l’assurance-vie, comme les produits d’assurance de manière globale peuvent présenter des avantages certains, il n’en demeure moins que les africains ne l’intègrent pas encore dans leur quotidien, dans leurs habitudes de consommation. Les raisons ? On peut en lister deux types : les raisons intrinsèques et les raisons extrinsèques.
Les raisons intrinsèques
Ici, on peut poser la question des habitudes ou même de la culture. Les africains ont développé des systèmes leur permettant d’anticiper sur les circonstances de la vie. Ceci se situe bien avant l’arrivée des assurances sur les marchés africains.
Les très célèbres tontines auxquelles adhèrent les africains ont des aspects qui vont bien au-delà de la simple épargne ou cotisation. Il existe différentes sortes d’aides obligatoires en cas de situation malheureuse ou bienheureuse. Ces aides jouent notamment le rôle que devrait jouer l’assurance en cas de maladie, de décès, et même de décès d’un proche, selon les règles de l’association à laquelle on adhère.
De plus, l’organisation de certaines tribus, familles et grandes familles rendent bien souvent le soutien obligatoire quel que soit le type d’évènement. C’est ainsi que vous verrez notamment des familles soutenir la scolarisation des plus jeunes, de génération en génération.
A côté de ça, les africains, de manière globale, semblent peu éduqués ou informés concernant l’assurance. Ceci nous amène au second type de raisons.
Les raisons extrinsèques
L’information, l’éducation, influencent la décision. L’assurance a toujours eu un aspect élitiste, réservé à une certaine classe d’individus, et inaccessible pour le reste de la population. C’est pourquoi, malgré le développement de produits visiblement accessibles, la mayonnaise prend difficilement.
L’opacité dans la circulation de l’information et l’impression qu’on va “toujours se faire avoir” à cause des mentions trop petites pour être lues, voire des éléments incompris même après explication, n’aident tout simplement pas.
De manière empirique, on peut se permettre de dire que l’assurance, c’est tout sauf “fun” ou même tendance, dans l’esprit de l’africain moyen. De plus, les praticiens n’éduquent pas. Si quelques blogs spécialisés naissent ça et là, on ne peut pas dire que l’assurance en devienne pour autant plus accessible, notamment pour certaines couches sociales qui ne jurent pas que par internet et qui constituent cependant un marché aux risques et besoins bien réels.
On peut aisément comparer le monde de l’assurance à celui de la finance, où les praticiens sont assez souvent perçus comme des individus sans scrupules capables de vous priver de vos biens en un claquement de doigt. Est-ce pour autant que le risque ne mérite pas d’être “encouru” ? Comment faudrait-il procéder pour faire de l’assurance un produit aussi “populaire” que l’épargne par exemple ?
Par Paul Emmanuel NDJENG