Faut-il contracter un crédit immobilier pour devenir propriétaire au Cameroun

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En Afrique et au Cameroun en particulier, lorsqu’une personne est dans le monde du travail depuis un bon moment, l’étape suivante est la construction de sa maison. Être propriétaire est considéré comme un grand pas dans l’évolution d’une personne au sein de la société. Mais pour la personne elle-même c’est la réduction du stress causé par le bailleur.

Qui n’est pas toujours le bienvenu en ce sens où sa venue (même après règlement de toutes les factures) est presque toujours signe de problème. Et là c’est le cas de ceux qui ont eu la grâce de quitter la maison familiale. Évitant ainsi les remarques désobligeantes des voisins et même de la famille. D’après une étude menée par la Banque Mondiale en 2020, une maison neuve coûterait au minimum 12 000 000 FCFA. Ce qui est très élevé pour le camerounais moyen. Comment ce dernier pourrait-il donc jouir d’un logis décent ?

Mesures de l’Etat …

Principal acteur du logement social, l’Etat met à contribution plusieurs ministères à l’instar du MINHDU (Ministère de l’Habitat et du Développement Urbain, du MINFI (Ministère des Finances) et du MINDCAF (Ministère du Cadastre et des Affaires Foncières). De cette collaboration résultent les solutions suivantes :

  • Le CFC (Crédit Foncier du Cameroun) : chargé du financement non seulement des constructions mais aussi de crédits hypothécaires. 15% de ses financements sont destinés à des particuliers ; le reste étant réservé aux promoteurs immobiliers publics. De plus, ses fonds représentent juste 10% de la demande en financement.
  • La MAETUR (Mission d’Aménagement et d’Entretien des Terrains Urbains et Ruraux) : chargée de viabiliser et d’aménager les terrains consacrés à la construction. Les prix de ces terrains oscillent entre 18 000 FCFA et 40 000 FCFA le mètre carré. Toutefois, elle fait face à un cruel manque de financement et d’informations : liste des terrains disponibles, leur prix de vente, le non accès aux réserves foncières de l’Etat …
  • La SIC (Société Immobilière du Cameroun) : promoteur immobilier chargée de la construction d’habitations. Son parc de logement locatif s’est dégradé au fil du temps. Se spécialisant vers la construction de logements pour la vente et souhaitant réhabiliter son parc, elle a dû revoir ses prix de vente à la hausse, privilégiant ainsi la classe aisée au détriment des moins nantis.

Bien qu’ayant eu un fort impact dans les années 80, ces différentes solutions de l’Etat camerounais sont devenues obsolètes de nos jours.

Location à vie ?

L’Etat du Cameroun n’est pas le seul à proposer des promoteurs immobiliers, on en retrouve aussi dans le privé. Mais, les prix ne prennent toujours pas en compte les moins nantis. Cela signifie donc la location à vie pour les moins nantis ? Bien sûr que non ! Le crédit immobilier est là. Il s’agit d’un prêt octroyé par une banque commerciale en vue du financement de l’acquisition d’un bien immobilier : construction, rénovation, achat de terrains, aménagement de sa maison. En bref, ce bien permet à son bénéficiaire de réaliser son projet immobilier personnel. Il est évident que le taux d’intérêt dans ce cas est largement supérieur à celui du Crédit Foncier.

Par ailleurs, d’aucuns n’ayant pas la possibilité de contracter un prêt immobilier, se retournent vers leurs différentes associations, communément appelées « réunions », qui leur permettent d’obtenir des prêts et ce, à des taux d’intérêt très intéressants. Voire même plus intéressants que ceux des banques commerciales. Plusieurs options s’offrent à eux : déposer de l’argent dans un fonds appelé « banque scolaire » (normalement créé pour faire face à la rentrée scolaire). Cet argent après un an vous revient avec un intérêt. Il peut être assimilé à un compte épargne. Puis, il y a l’option d’ « acheter » de l’argent (prêt). Tout comme à la banque, ces prêts sont remboursables pour une durée bien déterminée.

Le crédit immobilier a longtemps été le rempart de plus d’un camerounais désireux de « sortir de la location » afin de devenir propriétaire. Bien qu’alléchant, le montant alloué n’est pas toujours assez intéressant. Ceci dans le sens où il ne constitue parfois qu’une partie du montant nécessaire pour la réalisation de son projet immobilier. Mais il faut  aussi tenir compte du fort taux d’intérêt caché derrière. De ce fait, moult camerounais se dirigent vers leurs associations, en renfort pour la concrétisation de leur rêve.

Par Paul Emmanuel NDJENG 

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